Petit Mot de Guy- Cinquième chronique Bla bla bla! Aux études! Pour la plupart d’entre nous, le désir de s’améliorer est constant. Même pour ceux et celles qui, pour toutes sortes de raisons, ne peuvent pas jouer plusieurs fois par semaine, je suis convaincu que cette attitude existe. Pour vous améliorer, je vous conseille de lire. C’est la meilleure façon d’apprendre. De nos jours on peut trouver d’innombrables sites sur internet, dans toutes les langues et portant sur tous les aspects du jeu, accessibles d’un clic. Vous écrivez « bridge » et les mots clefs (exemple: « bridge Stayman ») et vous en avez pour votre argent. Il existe aussi une autre forme d’apprentissage, particulière au bridge, qu’on appelle le « kibitzing ». Cela consiste à s’asseoir à côté d’excellents joueurs et les regarder performer. N’ayez crainte, je n’ai jamais vu un joueur refuser cet honneur. On peut aussi aller sur des sites comme « Bridge Base On Line », sous la rubrique « tournoi », pour observer les plus grands joueurs de la planète lors d’événements importants. Bien sûr, leurs systèmes sont sophistiqués, mais c’est fascinant et très instructif sur le jeu de la carte, notamment au niveau des entames. Parallèlement à ceci, il y a les cours qu’on peut suivre. Je sais qu’au club « Les Dames de Cœur », Dominique et Nicole travaillent d’arrache-pied afin d’aider tous ceux et celles qui souhaitent s’améliorer. Mais le bridge est un gouffre de possibilités et il est impossible de tout apprendre. Olivier Chailley, dont l’excellent site internet porte son nom, a fait le calcul du nombre d’enchères compétitives possibles. Il en a comptabilisé : 53 644 737 765 488 792 839 237 440 000. Vous n’avez pas la berlue, vous avez bien lu (mon dernier test de dopage a été négatif !). Ceci nous amène à un constat fondamental, pour bien jouer au bridge et beaucoup d’experts le disent : « il est bien plus important de comprendre que d’apprendre par cœur ». Le chiffre cité plus haut ne laisse aucune équivoque. Selon moi, la difficulté principale est la mémorisation. Il y a tellement d’éléments à se rappeler que souvent, dans le feu de l’action, on oublie. C’est pour cela que j’ai adopté, suite à l’observation de ma partenaire Superbridjith, la méthode des fiches. Nous, les joueurs ordinaires, avons tous vécus les mêmes difficultés à la table, on oublie trop souvent ce qu’on croyait bien maîtriser. On s’égare, on pense à mille choses (le bridge c’est compliqué !!!) sauf au plus simple qui est souvent devant nous. Donc, je résume les notions récurrentes sur de petits cartons. Par exemple : les meilleures suggestions des experts sur les entames, les probabilités de répartition ou le maniement des couleurs. Avant chaque partie, je relis mes notes afin que cela devienne un automatisme. Ça ne prend pas plus que 5 minutes et j’ai fait le tour. Essayez-le et je vous garantis que vous allez améliorer votre performance. Statistiques, on ne joue pas les résultats! Le bridge est essentiellement un jeu basé sur les statistiques et les probabilités qui en découlent; je vous réfère au texte* de Olivier Chailley qui en explique la logique. Quand vous faites votre plan de jeu, vous devez souvent décider s’il est préférable de faire une impasse dans une couleur ou affranchir une couleur longue qui vous permettra de défausser vos perdantes. La réussite d’une impasse est directement liée aux chances de trouver l’honneur recherché dans une main. Quant à l’affranchissement d’une couleur, il réussira si les cartes manquantes sont réparties favorablement chez les adversaires. Voici quelques notions de probabilités et quelques règles à retenir qui vous aideront à prendre une décision: 1- Répartition des cartes manquantes** : Cartes manquantes Partage Probabilités % 2 1-1 52 2-0 48 3 2-1 78 3-0 22 4 3-1 50 2-2 40 4-0 10 5 3-2 68 4-1 28 5-0 4 6 4-2 48 3-3 36 5-1 et 6-0 16 7 4-3 62 5-2 31 6-1 et 7-0 7 2- Pourcentage de réussite des impasses*** : Réussite d’une impasse : 50% Réussite de 2 impasses sur 2 tentées : 25% Réussite d’au moins une impasse sur deux : 75% Réussite de 3 impasses sur 3 tentées : 12.5% Réussite d’au moins 2 impasses sur 3 tentées : 50% Réussite d’au moins une impasse sur 3 tentées : 87.5% Les experts retiennent 3 règles importantes : 1- Préférez une double impasse (2 fois vers AJ109x par exemple / 75%) à un partage 3-2 (68%) dans une autre couleur 2- Préférez un partage 3-2 (68%) à une impasse (50%) 3- Choisissez une impasse (50%) plutôt qu’un partage 3-3 (36%) Un autre facteur dont il faut tenir compte est le « cumul des chances ». D'après Philippe Caralp, lorsque l'on a le choix entre deux maniements de couleurs pour réussir son contrat, « on commence par la couleur qui permettra d'exploiter l'autre si la première manœuvre a échoué » et ce, sans perdre la main plus de fois que nécessaire, ni affranchir des levées adverses indues****. Autres règles importantes! Ne commencez jamais par une impasse s’il y a d’autres possibilités. Plutôt que de faire des impasses dans deux couleurs, recherchez la dame seconde ou le roi sec dans la couleur la plus longue avant de tenter l’impasse dans l’autre couleur. Si vous avez l’option de deux partages, choisissez la couleur la plus longue. Entre une couleur 4-4 et une autre 5-3, commencez par la 5-3. Quand on fait son plan de jeu par rapport à une couleur dans laquelle on possède 7 cartes et qu’on décide, n’ayant reçu aucune information de l’équipe adverse, de jouer le partage 4-2 des cartes manquantes, les probabilités de trouver effectivement cette répartition sont de 48% alors que la répartition 3-3 est de 36%. Donc, opter pour la probabilité de 48%, c’est la bonne façon de jouer (sous réserve, bien sûr, qu’une information nouvelle modifiant la donne se glisse en cours de jeu / cette question sera traitée dans mon prochain article). Ceux qui connaissent un peu les statistiques savent que les pourcentages sont basés sur le long terme et que la répartition 3-3, estimée à 36 %, peut quand même se produire dix fois de suite. Même s’il est frustrant de réaliser que les personnes qui ne jouent pas en fonction des plus grandes probabilités obtiennent parfois un meilleur résultat, ceci ne doit en rien changer notre stratégie. On doit planifier notre jeu en présumant la répartition 4-2. N’oubliez pas cette devise fondamentale au bridge : les gagnants se voient sur le long terme, jamais à court terme. L’attitude à adopter est la suivante: on ne joue pas les résultats! Dans mon prochain article, je vais approfondir ce sujet (les probabilités changent) et plus encore. Je vous parlerai de la théorie du choix restreint et du maniement des couleurs. *http://www.bridge-chailley.fr/wp-content/uploads/2013/10/C079-Notions-probabilit%C3%A9s-1.pdf **http://www.peribridgeclub.com/pages/bridge/cours/probabilites-cartes-manquantes.html ****http://webridge.fr/11/113_07_05_cumul_chances.htm