LES RÈGLES D’OUVERTURE (PARTIE 2)

Ceux et celles qui privilégient les ouvertures faibles considèrent qu’il vaut mieux agir que de subir les annonces des adversaires. Ils estiment que leurs enchères sont plus fluides et que c’est moins compliqué que d’intervenir. Ce n’est pas faux. Tout est une question d’entente et de système.

Suite à mes recherches et aux suggestions d’experts, voyons quels sont les critères d’ouverture généralement admis au premier palier.

 

Ouverture au niveau 1, toutes positions :

Quelle que soit notre position, on peut ouvrir :

​​ a) Avec une main de 13pts HL ou 12 pts (sauf 4333 sans As-10 ) 

b) Toutes les mains de 11pts avec un singleton

c) 5422 en majeure avec 11pts et les points concentrés 

d) Les couleurs  6ième de 10-11 pts ​​ (voir l’exception 4ième position)

On ouvre aussi toutes positions lorsque la règle de 20 ​​ fonctionne, quoique maintenant on parle plus de la règle de 22. La règle de 20 est le total de nos points d’honneur plus la somme de nos cartes dans nos deux plus longues couleurs. La règle de 22 ajoute que nous devrions avoir au moins deux levées sûres dans notre main genre deux as ou un as dans une couleur et roi-dame dans une autre couleur. ​​ Notons ici que certains experts proposent que cette règle ne s’applique qu’en première ou deuxième position.

 

Ouverture en troisième position

Les normes principales s’appliquent, mais certaines exceptions sont suggérées. Une exception, selon une règle de droit bien connue, a toujours préséance sur la norme, sinon elle serait inapplicable.

En troisième position la stratégie change, et de beaucoup. À ​​ moins d’une main d’ouverture solide, les chances de manches sont très faibles. Donc, on se bat pour une partielle ou encore on veut nuire à l’adversaire en quatrième position, sans bien sûr s’offrir en pâture. La vulnérabilité doit être fortement prise en compte. Il est suggéré de ne pas ouvrir en mineure si on n’a pas une main d’ouverture de 12-13 points d’honneur et de longueur. Pour ce qui est des majeures, on peut le faire avec 9-11 points, surtout et presqu’exclusivement, si on a les  piques et que nos point d’honneur ne sont pas éparpillés; pour ouvrir en cœur, il faut une couleur solide.

Ceci nous amène à la principale exception, soit la règle de 15, qui stipule que si nos points d’honneur additionnés au nombre de cartes que nous possédons en pique totalisent 15, on gage. Il est très important que nos piques soient chapeautés par un « top » honneur (as ou roi).

Si on utilise cette règle, il faut nécessairement avoir une convention permettant à notre partenaire de différencier entre une main d’ouverture normale et celle qui applique la règle de 15.

Pour les ouvertures en mineure, il existe la convention ​​ 2SA relais forcing (on doit alerter). ​​ Elle va comme suit : ouverture 1/; ​​ réponse du partenaire 1/; ​​ l’ouvreur donne le fit 2/♠; si  la deuxième enchère du répondant est 2SA, c’est qu’il veut connaître la force de la main de l’ouvreur : 3  indique  une main d’ouverture minimum (11-13 pts), 3 montre une belle ouverture (14-16 pts), ​​ et 3/ dans la majeure agréée est une ouverture avec la règle de 15. Le répondant décide du contrat final.

Pour les ouvertures en majeure, on peut utiliser la convention Drury (on doit alerter). Cette convention s’applique de différentes façons. En voici une : ouverture 1/♠; ​​ si le répondant dit 2♣, c’est qu’il a le fit et qu’il demande à l’ouvreur la force de sa main : 2/♠, dans la majeure agréée, indique une main faible alors que 2 ​​ montre une main d’ouverture normale (13-21 pts). Dans ce dernier cas, le répondant communiquera à son tour la force de sa main : 2/ indique 8-9 pts, alors que 3/ ​​ en montre 10-11. L’ouvreur décide du contrat final.

Je pense que ces conventions sont accessibles à tous.

 

Ouverture en quatrième position

Encore une fois les normes principales s’appliquent, mais il faut faire une importante précision : les enchères de barrage faible n’existent plus en quatrième position car elles sont inutiles; on ne dérange plus personne. Une ouverture au niveau de 2 en majeure montre au contraire une main forte de 15+ points et six cartes dans la couleur annoncée. Sinon, on ouvre simplement au premier palier.

Ici aussi la règle de 15 peut être appliquée, surtout si on a les piques, la couleur dominante. En ce qui concerne les coeurs, il faut une couleur solide et qu’on peut répéter sans courir au suicide. L’idée maîtresse est de ne pas réveiller les adversaires,  surtout si on n’a pas les piques.

Conclusion

Un des aspects importants des ouvertures promettant 13 points d’honneur et plus se rapporte au « Contre de pénalité ». Les ouvertures solides permettent de pénaliser les adversaires trop aventureux, ce qui donne des « tops ».

De plus, la confiance dans les enchères de son partenaire est un élément majeur pour la réussite dans ce jeu. Du fait que les embûches sont nombreuses et que les prouesses techniques sont l’apanage d’une minorité, donnons-nous toutes les chances de réussir et jouons le moins possible au poker, mais au bridge. Comme le bridge est essentiellement un jeu de statistiques, respectons-les!!!

 

Suggestions de lecture

Au cours de mes recherches, j’ai découvert deux sites que j’apprécie beaucoup : celui de « Chailley » ​​ et celui de « Jean-René Vernes ». Je vous invite à les consulter. Une chose que j’ai réalisée en écrivant ce « petit mot », c’est qu’il n’y a pas de certitude au bridge. Plus on l’étudie, et plus on découvre de nouvelles théories et de nouvelles stratégies. Cela s’applique tant à nous, les profanes, qu’aux experts, soyez-en certains.

 

Anecdote du mois

Lors du dernier Can-Am j’ai vécu une expérience très instructive en ce qui concerne les mains très débalancées. Je parle surtout ici des 6-5 mais cela peut aussi concerner les 6-4 qui ont peu de points d’honneurs (6-9pts).

On jouait en équipes de quatre dans les « A+ » (parce que un de nos coéquipiers avait beaucoup, mais beaucoup de points de maître). L’équipe que nous affrontions à ce moment avait fini dans les premières quasiment toute la semaine. Mon rival, celui qui jouait à la même position que moi à l’autre table, était un des meilleurs joueurs du Québec. Suite à la comparaison des résultats, je questionne un de mes coéquipiers par rapport à une planchette qui nous avait donné un mauvais résultat. Il me répond qu’à sa table, mon adversaire avait ouvert 1♠ avec ​​ ma main: ​​ ADxxxx, J, x, 1098xx (7points, ouch!!). Médusé, je décide d’aller voir ce joueur pour lui demander de m’expliquer son enchère. Il m’a répondu avec grande gentillesse «  J’ai 6 perdantes. Je n’ai aucun problème à jouer à pique et possiblement à trèfle. Plus souvent qu’autrement ça va être payant car quand on a une main très débalancée qui est extrêmement difficile à gager, si on ne parle pas au plus tôt, la décrire devient impossible. »  Aussi simple que cela et je suis parti avec mon petit bonheur.

Quelques semaines plus tard, après une partie avec ma partenaire SuperBrijith, nous faisions le post mortem d’un contrat de 4♣ qu’elle avait joué avec le mort (ma main) que voici: x, AJ10xxx, x, J10xxx. Nous voilà soudainement entourés de beaucoup de joueurs et de beaucoup de conseils. Il faut bien se le dire SuperBrijith possède le plus grand nombre de « coachs » au pied carré. Lol. Et là, en regardant la main du mort, Harry me demande : as-tu ouvert? Je lui dis non. Il faut ouvrir 1 me dit-il car après c’est impossible de se décrire. Un deuxième excellent joueur me donnait exactement le même avis : avec un 6-5 et quelques points d’honneur, il faut foncer. J’ai par la suite appliqué ces recommandations et cela avec succès.

Pour citer le célèbre écrivain Oscar Wilde « Il vaut mieux avoir des remords que des regrets ». Les regrets laissent un goût amer dans la bouche, les remords sont éphémères. Sur cette célèbre maxime je vous laisse méditer

 

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